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La mal aimée

 

- EH OH !!! ON NE COURT PAS DANS LES COULOIRS !!!

Je me retournai pour voir le visage rouge de colère de la principale. J'avais envie de lui mettre mon poing dans le visage tant je la haïssais, elle avec ses vieux habits, ses yeux de vipère, sa démarche ridicule et ses décisions à la noix. Elle était ronchonne, pète-sec, arrogante et laide. Moi et mes amies nous amusions à imaginer sa situation: seule, dans un petit HLM, avec un petit yorkshire comme unique compagnie, achetant ses vêtements au supermarché, chassant à coups de balais les enfants qui viennent demander des bonbons à Halloween, claquant la porte au nez aux démarcheurs, hurlant sur les jeunes voisins qui ont mis de la musique trop forte, menaçant la boulangère si elle n'a plus de pain à lui vendre... C'était une femme qui n'hésitait pas à rabaisser les élèves, à les traiter de toutes les insultes qui existent, à les renvoyer au moindre écart qui aurait juste valu un mot dans leur carnet; même les parents avaient dû intervenir de nombreuses fois pour comprendre ses actes qui étaient souvent injustifiés. "Votre place est dans un hôpital psychatrique !" s'était énervée une fois une mère d'un élève de ma classe. Celui-ci avait été traité d'"anticapitaliste ringard". Vous voyez le topo ? Je rêvais de pouvoir l'expédier sur Mars où les petits hommes verts l'auraient remise à sa place, vite fait bien fait ! J'étais dans ma dernière année de lycée et j'aurais pu me dire "Bon, je supporte encore six mois et je ne verrai plus sa tronche". Mais je pensais aux pauvres petits qui allaient encore l'avoir des années supplémentaires. Et moi et ma classe avions décidé de faire quelque chose. Un crétin avait proposé un blocus, ça aurait été parfaitement inutile et on aurait été tous collés au final. Une autre idiote, et pourtant, c'était une fille qui était une des premières de la classe, avait lancé l'idée d'une pétition "pour que la directrice s'en aille" mais on lui avait répondu que c'était encore une fois inutile. Finalement, on avait décidé d'aller lui parler directement. Solution qui paraîtrait aberrante et saugrenue, mais qui semblait être la meilleure. C'est donc ce soir-là, après la fin des cours, alors que nous étions parmi les dernières classes à sortir, nous nous dirigeâmes tous discrètement au dernier étage, là où il y avait son bureau. Puis moi et l'autre déléguée entrâmes dans cet endroit tant redouté, pendant que les autres attendaient dans un silence de plomb. Elle était là, avachie sur son fauteuil en cuir, dévorant un croissant et écoutant un CD de Mozart, les yeux fermés. J'aurais pu sortir un revolver et la prendre en otage, comme dans les films; la seule situation où l'on pouvait considérer que jj'étais une tueuse, c'est lorsque je faisais la fête aux moustiques tous les étés. Autrement, nous étions dans une situation où il fallait penser et réfléchir, et non user de la violence. Nous nous apprêtions à la réveiller lorsqu'elle ôta les écouteurs de son vieux mp3 et ouvrit les yeux. L'autre déléguée qui était près de moi mordit sa lèvre inférieure, ce qui voulait sans doute dire "Oulala, je ne sais plus quoi faire, prends le relais !". Quand la principale nous vit, elle nous dévisagea d'un air hautain.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?

Silence. Elle n'avait pas dit "qu'est-ce que vous voulez ?", non, elle avait dit "qu'est-ce que vous me voulez ?". Tout à coup, on entendit des éclats de voix venant du couloir. Je regardai mon amie. Ça sentait à plein nez les quatorze élèves de notre classe qui attendaient en papotant. Et zut !

- Je peux savoir pourquoi il y a autant de monde derrière la porte de mon bureau ??? commença à s'énerver la principale. Dehors, allez-vous en !

Elle savait que tout le monde la détestait. Elle savait qu'un jour ou l'autre, elle devrait faire attention. Et c'était ce jour-là où elle décidait de contre-attaquer. Notre ennemie se leva, nous menaça d'appeler la police si nous ne sortions pas. Elle déraillait complètement !

-On veut que vous partiez, déclarai-je. Tout le monde veut vous voir partir à l'autre bout du monde !!!

Les derniers mots étaient sortis comme ça, sans que je puisse les analyser. Il y eut un silence terrible et je me sentis ridicule. Après tout, il fallait bien finir par lui dire en face ce que nous pensions tous communément. Elle me regarda puis partit d'un grand éclat de rire.

- Seize élèves contre la principale ? Vous vous fichez de moi !

- C'est nous qui allons appeler la police, lâcha mon amie.

Alors là, c'était risible. Elle allait nous démonter. À notre plus grande surprise, elle cessa de rire et arbora un visage inquiet.

- Vous ne feriez jamais ça ! Les autorités vont vous claquer la porte au nez.

- Mon père est policier, répliquai-je. Chaque soir, au repas, je lui raconte en détail ce que vous faites. Et il m'a dit que si un jour j'avais besoin d'aide, je n'avais qu'à le prévenir et il enverrait une lettre au ministre de l'Éducation Nationale.

Sous son masque de tyran, c'était une victime, faible et impuissante. Elle s'effondra sur son fauteuil, l'air désemparé, un air de chien battu.

- Je souhaitais devenir politicienne... et je me retrouve être une misérable directrice qui hait les enfants, pire, les adolescents, et qui ne peut même pas se payer des vacances à la mer !! Comprenez-moi.

- Vous faites un métier qui ne vous convient pas. Il ne faut pas vous étonner si vous vous mettez tout le monde à dos.

- Que vais-je devenir sans travail ?

Les rôles étaient inversés. Nous étions les dominatrices, elle était la victime.

- Ce sont des centaines d'élèves qui n'auront pas de travail plus tard si vous les martyrisaient comme cela.

Vlan ! Une réplique puérile, mais efficace. Elle baissa la tête comme une petit fille. La porte s'ouvrit à la volée et une bande de garçons pénétrèrent dans le bureau. Moi et ma copine nous retournèrent en criant.

-  Vous n'avez pas le droit d'entrer ! On est justement en train de résoudre le problème !

- Ça fait un quart d'heure qu'on attend, on en a marre ! lança un garçon.

- Alors, quand est-ce que vous partez, madame la principale ? crièrent trois autres garçons.

Nous nous tournâmes tous vers le fauteuil en cuir. Ses yeux étaient fermés, elle était parfaitement immobile.

- Vous nous entendez ? 

Rien. On aurait dit qu'elle ne respirait plus. Nous devînmes soudain inquiets. Un garçon se dirigea vers elle et posa l'oreille contre son coeur.

- Elle est morte... dit-il d'une voix étranglée.

Nous restâmes ahuris. Morte ? Elle était... morte ? Des chuchotis. Des murmures. 

- Crise cardiaque, ajouta-t-il.


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Commentaires

  • Laurence

    1 Laurence Le 31/12/2011

    Cette femme fait froid dans le dos ! Mais pourquoi a-t-elle choisi cet emploi si elle n'aime pas les enfants ? Et comment peut-elle mourir d'une crise cardiaque face à eux alors qu'elle ne leur voue que de la haine ? Est-elle morte de colère ou bien de peur ?
    Ton histoire soulève une foule de questions dans mon esprit ^^
    Je pense qu'elle a tellement peur de perdre son emploi que cette prespective l'a tué.
  • Black Moon Ssya

    2 Black Moon Ssya Le 05/11/2011

    P-.S : j'ai remarqué que le champ "Site Internet" ne marchait pas, alors je te laisse mon site, mais on s'est déjà parlé alors mon pseudo doit te dire un truc :)
    http://black-moon-ssya.e-monsite.com/
  • Black Moon Ssya

    3 Black Moon Ssya Le 05/11/2011

    Bon, déjà dès la première phrase je suis rentrée dedans. Après y'a quelques présents qui n'ont rien à faire là et des fautes comme "carnet;" alors qu'il y a normalement un espace de chaque côté des : et des ;

    Sinon je trouve que c'est très facile à lire, c'est agréable, mais je trouve que la fin ne convient pas, ce n'est pas spécialement crédible... peut-être que si tu avais dis plus tôt qu'elle était fragile ça serait passé mais là je trouve que c'est mal vendu... mais c'est le seul problème que j'ai avec cette petite histoire !
  • Black Moon Ssya

    4 Black Moon Ssya Le 05/11/2011

    Wouah ! T'as changé ton habillage ! J'aime bien comme ça !
    Je vais lire ton texte et je te dis ce que j'en ai pensé, j'ai l'habitude d'être honnête, je suis sur un forum d'écriture 100% honnête :)

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