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Paris, 1950.

 

Paris, 1950.

Toute la salle était bondée. Une ambiance de folie sur un fond de jazz et des couples tourbillonnant au centre, telle était l'image rendue du Poppy's Club en plein Paris. Des femmes en robes multicolores parées de bijoux flamboyants guettaient le moindre individu du sexe opposé pour l'inviter à danser, tandis que des hommes en costume soufflaient dans leurs trompettes sur une grande estrade. Mon amie, une jolie blonde à la coupe crantée de Marilyn vêtue d'une robe Dior couleur crème buvait une Margarita au bar à cocktails tout en  discutant allègrement avec un garçon plutôt séduisant. De temps à autre, elle me lançait un regard qui semblait dire "Va t'amuser !". J'étais seule  en train d'observer par la vitre du Poppy's Club des femmes fortunées avec leur fume-cigare batifolant avec leur amant, songeant à mon ancienne vie médiocre qui m'avait rendue morose et taciturne, pour ne pas dire mélancolique. Daisy, la soeur de mon ancien meilleur ami, m'avait sortie de là en m'obligeant à la suivre dans les bars et les restaurants, ce qui avait un peu développé mon côté sociable sans pour autant devenir noctambule. Et c'était grâce à elle que je me retrouvais ici, dans un des clubs les plus populaires de la capitale, isolée du brouhaha et de l'agitation. Alors que je me décidais à partir, je le vis. Il était là, près du buffet, dégustant une part de Flammekueche, le regard rivé vers la piste de danse qui semblait refléter un désir fulgurant de danser. C'est alors qu'il m'aperçut, et nos yeux ne se quittèrent pas,  jusqu'au moment où il finit d'engloutir sa Flammekueche  et qu' il se dirigea vers moi, avec des difficultés à se frayer un chemin parmi les danseurs déchaînés. Dès qu'il se tint devant moi, il tendit sa main, je lui donnai la mienne, et il m'entraîna au centre de la piste, sans que nous échangeâmes une seule parole. Nos corps se frôlèrent, nos lèvres s'effleurèrent, et bientôt, la musique fit place à une musique plus lente, ce qui créa une ambiance plus intime. Il me murmura qu'il était musicien et qu'il composait des symphonies pour les opéras. Je lui chuchotai que j'étais une petite secrétaire du Boulevard de Montmartre. Il me dit qu'il allait m'apprendre le chant des nuages et la mélodie des cieux.

 

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Commentaires

  • Laurence

    1 Laurence Le 31/12/2011

    Quel bel écrit sur le coup de foudre :) La dernière phrase me fait penser à celle du 3e tome de A la croisée des monde : " La république des cieux, répondit Lyra " .

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