La foule

Nous étions tous à un grand concert de rock. Il était plus de onze heure du soir et j'étais éblouie par les spots, une musique stridente pénétrait dans mes oreilles continuellement, et mon corps se mouvait au rythme des chansons, sans que je puisse le contrôler. J'étais totalement absorbée, noyée dans cette foule d'adolescents comme au fond d'un océan immense, et mon coeur battait si fort que ma respiration était saccadée. Cette ambiance de folie, déchaînée, rendait les gens agressifs et pourtant, personne ne voulait quitter la salle car il y avait cette musique qui nous captivait. La foule hurlait, braillait, sans pouvoir se contenir et moi je fermai les yeux pour ne pas voir leurs bouches déformées et leurs yeux qui reflétaient une fureur incontrôlable. Nos corps se touchaient. J'avais l'impression d'être dans une boîte de sardines; une chaleur époustouflante, des coups non volontaires, de la bousculade, des cheveux dans la figure, un profond malaise... Soudain la musique devint plus forte, les gens se serrèrent davantage pour se rapprocher de la scène, pour mieux entendre, pour mieux voir, et tout le monde poussa tout le monde si bien que des malheureux tombèrent et se firent piétiner sauvagement, tandis que je luttais afin de rester debout. Je sentis une pression intense derrière moi, d'autres corps s'abattirent sur moi et je perdis mon équilibre. Je sentis des douleurs terribles, et bientôt, ma vision se troubla, mon cerveau s'éteignit et je perdis conscience. Quand je me réveillai bien plus tard, j'étais entourée de quelques personnes encore vivants. Ils me questionnèrent sur mon état et je ne pus répondre. J'avais des bleus partout et j'avais l'impression que j'avais une côte brisée tant j'avais mal sous ma poitrine. Je repensai à cette nuit de délire et revis à nouveau cette foule inconsciente. Je venais d'échapper à la mort, une mort ridicule. Et pourtant, c'est souvent que cela arrivait dans les foules.

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