Eternels - Dance and Love

I will make you dancing. Il me l'avait chuchoté à l'oreille deux jours après notre rencontre alors que nous regardions le film Dirty Dancing 2 le soir de Noël, chez lui. C'était à la fois un grand romantique, un intellectuel trilingue et un sportif passionné: natation, football, rafting et danse cubaine. Il adorait la danse et moi aussi. Nous nous étions rencontrés lors d'un cours de Flashmob à Paris qui préparait une chorégraphie sur Hips don't lie de Shakira. Il avait eu le coup de foudre pour moi et j'avais eu le coup de foudre pour lui. J'étais loin de me douter qu'on allait fréquenter les cours de danse cubaine quatre fois par semaine; il avait arrêté le sport du jour au lendemain; nous avions considéré cela comme un défi: devenir des professionnels, des experts, et personne, ni ma famille, ni mes amis ne pouvaient nous en empêcher d'en faire notre passion, voire même notre métier: devenir des professeurs de danse cubaine. En attendant de réaliser notre rêve, il y avait une longue période d'entraînement et de travail acharné. Je me limitais à un régime strict car mes kilos en trop n'allaient pas avec notre projet. Je m'abstenais de tout loisir, de tout sport, presque de toute sortie avec lui ou entre amis, et je rentrais tard le soir. Nous nous voyions tous les jours, même les dimanches, et quand il n'y avait pas cours, nous nous entraînions chez lui ou chez moi. Mes devoirs, je ne les faisaient même plus. Les profs de fac me le reprochaient et leurs paroles étaient loin d'être élogieuses, elles étaient presque insultantes. "Vous vous rendez compte ? Elle veut être prof de danse cubaine ! Alors qu'elle pourrait faire mille fois mieux ! C'est ridicule. Lamentable. C'est une ineptie totale". Bon sang ! On ne peut même pas faire ce qu'on veut de notre vie ? On devrait feuilleter bêtement les magazines d'orientation alors qu'on a un avenir tout tracé ? Il m'avait aidée dans les moments les plus douloureux. On avait passé le cap ensemble, surmonté les disputes, ignoré les critiques, et nous avions avancé jusque là. "Ça vous ménera nulle part. Pour peu que tu prennes des kilos, qu'il ait un accident, que tu tombes enceinte, qu'il meure, que tu deviennes handicapée, ou encore pire... la danse, tu pourras y dire adieu. Ton métier, tu le perdras". Ça, c'était la cinquantième fois que ma mère me le répétait. Ses parents à lui, d'origine cubaine, étaient un peu plus souples. La danse, c'est ce qui les avait rapprochés alors qu'ils n'étaient encore que des adolescents. Des mois plus tard , ils participaient aux concours dans des costumes flamboyants. Nous rêvions de faire comme eux, de montrer aux autres passionnés que le travail et les efforts payent un jour ou l'autre et que la récompense est souvent bien plus grande que ce que l'ont espérait. Un flot d'émotions qui nous attend au tournant, une sensation de bonheur et de chaleur, un tourbillon de sentiments d'extase et de plaisir. C'était ça notre vie. Une vie partagée entre la danse et l'amour. Nous en voulions toujours plus chaque jour. Chaque chorégraphie, chaque pas, nous nous forcions à tout retenir et la tâche n'était pas facile. Elle le devint au fur et à mesure que le temps passa, que nos corps se transformèrent, que nos yeux regardèrent dans la même direction et que nous nous comprîmes rien qu'en échangeant ne serait-ce qu'un seul regard. La parole nous manquait, nous n'étions plus que des corps qui se mouvaient au ryhtme de la musique. Et l'amour, il y en avait encore plus chaque instant, un amour inconditionnel que nous avions l'un pour l'autre. Il était mon partenaire, mon amoureux, ma vie. J'étais sa compagne et sa muse. "Sweetheart, without you, my life doesn't make sense anymore". Nous considérions la danse comme indissociable de l'amour. Il ne nous était jamais arrivé de penser à une séparation et les résultats néfastes qui en découleraient. Nous faisions partie d'un monde à part, unique, un monde d'amour intarissable. Ce monde, nous l'appellions Le refuge. Deux esprits étroitement liés se révoltant contre la haine dans le monde actuel, l'obscurité et la noirceur qu'il peut y avoir, la tristesse, l'aversion pour les personnes cruelles et égoïstes, la rancoeur, pour atteindre un ultime but: que notre esprit se transcende, se tourne vers le ciel et les étoiles, que nous vivions éternellement passionnément les doux instants qui nous réunissent sans cesser bien sûr de danser, toute la nuit et jusqu'à l'aube sans retourner en arrière et sans rien regretter. Because love and passion make the world go round.


© Copyright tous droits réservés

  • 1 vote. Moyenne 4 sur 5.

Commentaires

  • Duppelego-Anna (Les songes d'Anna)

    1 Duppelego-Anna (Les songes d'Anna) Le 14/01/2012

    Je trouve le début un peu rapide, sinon c'est pas mal, il faudrait bosser sur le style :)

Ajouter un commentaire

Anti-spam